Régis Bugault
Ma vie professionnelle, en tant que médecin radiologue, je dirais même « imageur », puisque cette discipline s’appelle maintenant «Imagerie médicale», m’a permis de participer à toutes les révolutions technologiques : d’abord le tube à rayon X sur un statif rudimentaire, les cassettes, le développement des films argentiques avec les cuves de révélateur et de fixateur, le séchage sur cadre ; puis l’apparition du scanner, de l’échographie et de l’IRM ; enfin la numérisation des images permettant le post-traitement, les reconstructions volumétriques et le transfert à distance. Tout au long de ma carrière, l’obsession était de « sortir » l’image, celle qui serait contributive pour asseoir le diagnostic ; il fallait qu’elle fût la plus parfaite possible, la plus informative : pour le dire autrement, ces images obtenues, devenaient comme un témoignage à transmettre aux autres acteurs de la chaîne de soins.
Ma vie familiale m’a immédiatement donné l’envie de figer l’expression des êtres chers au cours de l’écoulement du temps : mon épouse, la famille, puis bien sûr nos enfants et nos petits-enfants, ce qui m’a permis de m’initier très tôt à la pratique du portrait.
Nous avons alors acheté une Retinette KODAK avec laquelle j’ai pu photographier, pour une dernière fois, ma grand-mère paternelle, sur son lit de mort, où elle semblait dormir, puis un appareil CANON FTb QL équipé d’un objectif 50 mm f/1.8, pour la naissance de notre fils aîné, en septembre 1972. Trop occupés par notre vie professionnelle, il nous semblait impératif de consacrer les vacances à nos quatre enfants ; c’est pourquoi, pendant plus de 20 ans, il n’a pas été question de faire un seul voyage : il était beaucoup plus simple de louer une maison dans le Midi.
En 1995, nos deux aînés ne vivant plus chez nous, nous avons commencé à rattraper le temps perdu : ce fut le premier voyage, emmenant avec nous nos deux derniers enfants. Ayant un grand besoin de Nature, nous avons opté pour les montagnes Rocheuses canadiennes, au départ de Calgary, en bouclant par la côte Pacifique, l’île de Vancouver, puis la ville de Vancouver ; là, beaucoup d’émotion, car mon grand-père paternel que je n’ai pas connu, capitaine au long cours, venait charger du bois pour une compagnie de navigation anglaise : voyage d’un mois inoubliable avec ces montagnes, ces lacs, ces rivières et la découverte des animaux sauvages.
Ce voyage de cinq semaines a été fondateur, suivi de treize autres, toujours au Canada, en parcourant ce pays de part en part, pour découvrir finalement, en 2008, les Territoires du Nord-Ouest et surtout le Nunavut avec une immersion de 15 jours dans un village Inuit - banquise, icebergs, chasse au phoque, ours polaires -, voyage initiatique expliquant notre addiction au Grand Nord.
Parallèlement, nous sommes allés à deux reprises en Alaska : une première fois jusque dans la péninsule, notamment dans le parc national et réserve de KatmaÏ, aux chutes de la rivière Brooks, pour voir les grizzlis pêcher le saumon, puis une deuxième fois sur l’île de Kodiak lors d’un trek en groupe de six personnes, afin d’observer les ours se gavant de saumons avant d’affronter l’hiver. Et je n’oublie pas l’Islande et la Norvège : encore des pays du Nord ! Mais nous avons eu aussi notre période africaine, qui nous a menés cinq fois en Égypte, mais aussi en Jordanie, en Palestine, ainsi qu’en Tanzanie et au Kenya. Le voyage au Nunavut, en 2008, nous a ouvert la voie des croisières polaires.Croisière anglophone en baie d’Hudson (encore le Canada !), puis croisières francophones :
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l’archipel du Svalbard (la plus grande des îles étant le Spitzberg), à trois reprises ;
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la côte Est du Groenland, deux fois ;
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l’archipel russe François-Joseph ;
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la côte Ouest du Groenland, en septembre prochain, si la Covid le permet, cette croisière prévue.
L’année dernière ayant déjà été reportée à cette année, à cause de la pandémie !
Le Grand Nord : addiction très forte, avec sa glace, sa couleur blanche dominante, sa vie animalière, ses plantes qui poussent dans cet environnement si hostile, son silence sauf lorsqu’un pan de glace s’écroule, sa lumière particulière, et l’absence de nuit en été, sans oublier les rares villages polaires et les peuples autochtones.
On l’aura compris : nous avons, et j’ai personnellement insensiblement glissé vers la photographie de paysages exceptionnels, peu connus du plus grand nombre, et surtout la photographie animalière, en essayant de saisir, pour les faire partager ensuite, des instants parfois pleins d’émotion ; au final, pas forcément un reportage, mais plutôt un témoignage en voulant laisser une trace, un document, une image, l’œil du radiologue se cachant derrière celui du photographe.
Bien entendu, toute cette épopée a nécessité de s’adapter aux nouvelles technologies :
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l’abandon de l’argentique et la découverte des appareils compacts numériques ;
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les premiers bridges en 2005 ;
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puis à partir de 2007, l’option NIKON : D200, D90, D7000, D300S, mais malheureusement avec des téléobjectifs moins performants que ceux de NIKON, notamment le 120-400 et le 150-500 de SIGMA ;
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c’est pourquoi, de retour du Kenya, en 2015, voyant que la grande majorité des photographes animaliers étaient équipés en CANON, j’ai entrepris, le grand saut avec l’achat d’un 5D Mark III, d’un 7D Mark II, puis d’un 1 DX, avec comme objectifs : le 100-400 mm f/4.5-5.6, le 300 mm f/2.8, le 16-35 f/1.4 et le 24-105 f/1.4 ;
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le post-traitement des images par le logiciel d’édition ACD See ;
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l’utilisation du format RAW à partir de 2013.
Toutes ces acquisitions se sont faites par instinct, sans véritable conseil extérieur, à cause du manque de temps, dévorés comme nous l’étions par la vie professionnelle. Ha, si nous avions pu avoir, à l’époque, les conseils avisés du Club Photo du Raincy, cela nous aurait épargné bien des erreurs ! Je me suis fait tout seul, sur le tas, sans tutoriel et j’ai donc beaucoup à apprendre : c’est pourquoi j’ai rejoint le club photo, mais je n’ai pas été aussi présent que j’aurais voulu l’être, car depuis deux ans et demi, suite à notre cessation d’activité en mai 2018, je finis de mettre en ordre cinquante années de vie professionnelle............... Mais rassurez-vous, cela va changer prochainement.
Régis